ANa Anaa
EN ATTENDANT LA RELÈVE
Ouessant, France, 2020
Notes prises lors des 3 jours de déambulation sur l'île :
Au large, par le large
Membrane floue se déployant en horizon, vue enveloppée de gris
Partir au large, par le large
Arriver en zone noire se déployant au grès des marées
enregistrements : 1 son du bateau, 2 chant recu par vagues, vent offrant les sons momentanément
1 video : zoom sur les traces des vagues du bateau
2 chant rapporté par vagues, en vagues sonores
Masses rocheuses s’agrippant les unes aux autres, (des forteresses en ruine), remnants de terres griffées par les éléments, formes rondes, courbes et généreuses, l’embonpoint des rochers s’adossant les uns aux autres me fit remarquer leurs constants plis et replis de matière, surplus,
Pétrifié
Traces de terres cultivées, murets
(arbres) : se délier par fractures, partiellement vivants
tanguer au/par le vent, se faire voile, être l’arbre n’existant pas si près de la côte.
ligne de friction aquatique, courants
caler mon coeur/respiration sur le rythme des vagues, d’en haut, d’une falaise, ou/et en m’immergeant en milieu aquatique.
Flotter, perdre poids et densité corporelle, exister en surface, me répartir en surface, relacher ce qui me constitue en matière.
continuel va et vient
par vagues, en vagues
abattre, rapatrier sur,
s’engouffrer, se projeter
cavités obscures sonores à marée haute, un choc mat/opaque
un souffle tiède nocturne nous ramenant au dehors
le phare de nuit : la marche dans l’obscurité sous des lumières en mouvement frayant des lignes, un espace visuel constamment renouvelé dans lequel je m’immerge, surnaturel par inhabitude d’être exposée à de telles dispositions nocturnes, puis s’allonger près de la source rotative et en être subjugué, par ces faisceaux tournant jusqu’au vertige parcourus d’apparitions furtives blanches.
Récolte, rejets, affluences, effluves,
dispositions (aléatoires), redisposer, recomposer, ACTION
transparence rouge, veines, visqueusité,
givre matte translucente, rongée au contour,
épine dorsale, perle à pointe courbée, griffe
(Les algues)
Textures évasives, changeantes, cycliques, ramenées, rejetées, déposées, rapportées, reprises, gluantes, odorantes, se solidifiant
(plantes grasses).
gouts raves et ‘’hostiles’’, salés, ingérer des substances insulaires
(pieds nus)
La marche,
remettre son corps à l’environnement, mise à disposition sensible
je foule de mes pieds différentes textures, le corps en balancier, esquivant à la marche rapide, adapter ma vitesse au parcours sensible, passer, repasser par la flore mousseuse et humide, regard accaparé par le chemin, cheminement rabattu frontalement au sol, préoccupation éminement physique.
Dimensions/échelles
m’allonger sur un lit d’herbes hautes mousseuses et convoquer une double écoute d’un proche et lointain par l’entente de vagues s’abattant sur les falaises rocheuses à gauche et de roseaux se frottant/bruissant au vent à droite.
carthographie de mon corps à travers le paysage, un extérieur qui influe sur la perception de mes intrériorités, un/en devenir insulaire,
me détacher de ce qui va au-delà de l’immédiat, l’instant se répercute aux sens d’où jaillit la mémoire d’un corps en expérience spéculative de ses possibles ‘’être-là’’.
Devenir territoire -> perception de moi-même altérée par l'environnement, rencontre, interaction, mimétisme subjectif
S’aplatir, se pencher, s’accouder sur d’autres, ne pas pouvoir survivre en solitaire au risque d’être déraciné et emporté.
Être dans, être avec, être par
En attendant la relève.
Je marche avec mes vivres.
Une présence peu à peu amputée de mon dos, dévorée par mon humanité.
Être vent, être vague, être île.
Laisser mon corps au paysage.
Besoin de marcher, de m’arrêter.
How can the perception of the surrounding direct my interaction with other beings ?